mercredi 1 décembre 2010

VERTIGES A STRASBOURG III


" (...) En sortant du bâtiment de la gare de Strasbourg, elle fut surprise de la retrouver
sous une sorte de cloche de verre. Elle n'était pas revenue ici depuis trois ans et cette bulle qui lui barrait le passage lui parut un bref instant presque effrayante. Elle posa sa valise à ses pieds pour observer cette incroyable mise en aquarium dont l'incongruité finit par la faire sourire (...) "
H.R. (...)



..................
Et voilà la suite de cette étrange visite à Strasbourg.
Toujours de l'incompatible, de l'illogique et du bizarre, quelques nouveaux experiments et une ambiance d'automne :)
























à voir aussi :
Vertiges I 2008: ici
Vertiges II 2009: ici



mercredi 17 novembre 2010

POÉSIES DE NOVEMBRE...

.

"Automne malade et adoré
Tu mourras quand l'ouragan soufflera dans les roseraies
Quand il aura neigé
Dans les vergers (...)






(...) Et que j'aime ô saison que j'aime tes rumeurs
Les fruits tombant sans qu'on les cueille
Le vent et la forêt qui pleurent
Toutes leurs larmes en automne feuille à feuille
Les feuilles
Qu'on foule
Un train
Qui roule

La vie
S'écoule"
G. Apollinaire
"Automne malade"




mardi 21 septembre 2010

MÉMOIRE SÉLECTIVE

.

Il y a des choses, il y a des endroits et événements qui brillent dans notre esprit, marquent notre mémoire faisant oublier tout le reste qu'il y avait autour...



lieu: Wangenbourg, Alsace


mercredi 8 septembre 2010

RÊVERIES D'UNE LIBELLULE

.

"La frisonnante libellule
Mire les globes de ses yeux
Dans l'étang splendide où pullule
Tout un monde mystérieux" (...)

"Les Rayons et les Ombres" Victor Hugo















.

mardi 17 août 2010

L'ARAIGNÉE

.


« Chaque nuit, à l'heure où le sommeil est parvenu à son plus grand degré d'intensité, une vieille araignée de la grande espèce sort lentement sa tête d'un trou placé sur le sol, à l'une des intersections des angles de la chambre. Elle écoute attentivement si quelque bruissement remue encore ses mandibules dans l'atmosphère. Vu sa conformation d'insecte, elle ne peut pas faire moins, si elle prétend augmenter de brillantes personnifications les trésors de la littérature, que d'attribuer des mandibules au bruissement. Quand elle s'est assurée que le silence règne aux alentours, elle retire successivement, des profondeurs de son nid, sans le secours de la méditation, les diverses parties de son corps, et s'avance à pas comptés vers ma couche.




Chose remarquable! moi qui fais reculer le sommeil et les cauchemars, je me sens paralysé dans la totalité de mon corps, quand elle grimpe le long des pieds d'ébène de mon lit de satin. Elle m'étreint la gorge avec les pattes, et me suce le sang avec son ventre. Tout simplement! Combien de litres d'une liqueur pourprée, dont vous n'ignorez pas le nom, n'a-t-elle pas bus, depuis qu'elle accomplit le même manége avec une persistance digne d'une meilleure cause! Je ne sais pas ce que je lui ai fait, pour qu'elle se conduise de la sorte à mon égard. Lui ai-je broyé une patte par inattention? Lui ai-je enlevé ses petits? Ces deux hypothèses, sujettes à caution, ne sont pas capables de soutenir un sérieux examen; elles n'ont même pas de la peine à provoquer un haussement dans mes épaules et un sourire sur mes lèvres, quoique l'on ne doive se moquer de personne.




Prends garde à toi, tarentule noire; si ta conduite n'a pas pour excuse un irréfutable syllogisme, une nuit je me réveillerai en sursaut, par un dernier effort de ma volonté agonisante, je romprai le charme avec lequel tu retiens mes membres dans l'immobilité, et je t'écraserai entre les os de mes doigts, comme un morceau de matière mollasse. Cependant, je me rappelle vaguement que je t'ai donné la permission de laisser tes pattes grimper sur l'éclosion de la poitrine, et de là jusqu'à la peau qui recouvre mon visage; que par conséquent, je n'ai pas le droit de te contraindre. Oh! qui démêlera mes souvenirs confus! Je lui donne pour récompense ce qui reste de mon sang: en comptant la dernière goutte inclusivement, il y en a pour remplir au moins la moitié d'une coupe d'orgie.





Il parle, et il ne cesse de se déshabiller. Il appuie une jambe sur le matelas, et de l'autre, pressant le parquet de saphir afin de s'enlever, il se trouve étendu dans une position horizontale. Il a résolu de ne pas fermer les yeux, afin d'attendre son ennemi de pied ferme. Mais, chaque fois ne prend-il pas la même résolution, et n'est-elle pas toujours détruite par l'inexplicable image de sa promesse fatale? Il ne dit plus rien, et se résigne avec douleur; car, pour lui le serment est sacré. Il s'enveloppe majestueusement dans le replis de la soie, dédaigne d'entrelacer les glands d'or de ses rideaux, et, appuyant les boucles ondulées de ses longs cheveux noirs sur les franges du coussin de velours, il tâte, avec la main, la large blessure de son cou, dans laquelle la tarentule a pris l'habitude de se loger, comme dans un deuxième nid, tandis que son visage respire la satisfaction.



Il espère que cette nuit actuelle (espérez avec lui!) verra la dernière représentation de la succion immense; car, son unique voeu serait que le bourreau en finît avec son existence: la mort, et il sera content. Regardez cette vieille araignée de la grande espèce, qui sort lentement sa tête d'un trou placé sur le sol, à l'une des intersections des angles de la chambre
..."


Chants de Maldoror, chant V
Comte de Lautréamont